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Interview de Samuel Boulesteix (Buste Hébus)

 

: Comment t'est venue l'idée de sculpter une nouvelle fois Hébus ?

 

: Une décennie s'est écoulée depuis le premier Hébus... Enfin depuis les deux premiers,puisqu'ils sont sortit en diptyque ! A l'époque, je faisais mon premier pas dans l'aventure para-BD. Je dis "l’aventure" car s’en était une ! Au moment où je terminais de les sculpter, je n’avais toujours pas l’ombre d’un accord des auteurs dont je galérais à obtenir les coordonnées. Quand j’ai pu enfin avoir Tarquin au téléphone, la sculpture était archi-terminée et il n’aurait pas fallu qu’il trouve à redire. Il m’a proposé de le rejoindre à une terrasse de café, à 8 heures de route de chez moi. Mais cela semblait gagné au ton qu’il avait. Avec les 2 Hébus sous le bras, je mes suis donc pointé à Aix-en-Provence les présenter aux auteurs. Et ça s’est super bien passé ! Je me rappelle un truc que Tarquin m’a dit et qui m’est resté depuis : « Tu es allé le cherché au même endroit que moi ! » …J’ai adoré ! Cette pièce garde pour moi, la saveur si particulière des premières fois. C’est pourquoi y revenir aujourd'hui, c'est un peu comme retrouver les sensations pêchues de mes débuts ; un plongeon dans la fontaine de jouvence en somme.

 

Bon ! Ce projet ne tient pas non plus qu’à la "madeleine de Proust" ! Il vient aussi des nombreux mails que j’ai reçus ces dernières années me demandant si, à tout hasard, je n’aurais pas un Hébus en rab, dans mes cartons… Cela me donnait envie de répondre "oui" à force. Mais je ne voulais pas remouler cette première pièce malgré les demandes ; car pour moi, elle appartient dorénavant à son époque et se doit d’y rester. C’est en discutant de cela avec un camarade collectionneur que le défi d’en sculpter un nouveau est né. Je remercie Stéphane pour ses encouragements. Il m’a mis en garde de ne pas me reposer sur mes lauriers. Il m'a prévenu que je serais attendu au tournant avec un projet comme celui-là, mais qu’en me défonçant bien j’aurais sûrement un public accueillant en face…

 

Il ne m’en a pas fallu plus pour y mettre tout mon cœur ! ...Et de taper dans l’argile comme au bon vieux temps !

 

: Un buste,... la pose vers l'avant,... Pourquoi ces choix ?

 

: Oui ça s’appelle un buste, mais ce n’est pas ce que je me dis quand j’aborde le truc. Pour moi, il s’agit de réaliser un portrait qui dise tout à lui seul. A aucun moment, on ne doit regretter le reste manquant de son corps ; sinon c’est raté ! C’est casse-gueule le buste ! On risque vite, par paresse artistique, de tomber dans une représentation façon "photo d’identité", qui certes rempli son contrat de ressemblance mais peut nous laisser sur notre faim.

 

Le choix de la pose propulsée vers l’avant tente en ce sens de conjurer l’ennui du statisme. J’ai voulu envoyer de la puissance, du viril et du sang en plan serré. Je voulais qu’on se sente en immersion au cœur de la bataille en un minimum de moyen.

 

: Quelles sont les difficultés auxquelles tu as été confronté dans ton travail de sculpteur sur ce projet ?

 

: Si je dis aucune ça fait prétentieux non ? (rires !)...Pourtant c’est vrai ! Il est venu sans souffrir. J'ai juste eu une hésitation de dernière minute sur l’utilité ou non des flèches plantées dans son dos. D’habitude, je ne suis pas friand des rajouts d’accessoires. J’ai toujours peur que cela fasse gadget ! En confiant mes réticences à Tarquin, celui-ci m’a proposé de lui mettre des cicatrices à la place. Bon ! Finalement, j’ai fait les deux !

 

: Hébus est décliné en 3 finitions : aluminium fumé, bronze et fonte rouillée. Comment est venue cette envie ?

 

: Depuis le premier Hébus, de l’eau a coulé sous les ponts. En 2003, j’ai quitté avec perte et fracas, mon ancien éditeur, "Skull-t" pour mener mes projets en solo. Petit à petit, j’ai agrandit mon atelier et j’ai ajouté quelques cordes à mon arc : le moulage, l’approche esthétique des matières composites, les finitions, les patines, etc… Enfin, tout ce qu’il faut pour s’auto-éditer. Aujourd’hui je peux enfin présenter des pièces à mon idée.

 

Les trois matières que nous proposons m’ont demandé pas mal de temps à mettre au point. D’essais en erreurs, j’ai avancé à tâtons jusqu’à ce qu’elles me satisfassent pleinement. Mais cela valait le coup, je pense ! Car maintenant, nous pouvons présenter cette sculpture en 3 matières très différentes. C'est un argument purement déco soit ! Mais il a son importance selon l’intérieur que l’on a. L’autre intérêt de cette matière, c’est qu’elle est réalisée dans la masse, ce qui n’a rien de commun avec une peinture. C’est de la poudre de métal mélangée à haute densité à la résine que je retravaille ensuite par lustrages successifs. On s’approche de la fonderie d’art sauf qu’ici c’est de la résine.

 

: Qu'est ce que ces différentes finitions apportent de spécifique à ton travail de sculpteur ?

 

: Je les aime bien, elles interagissent bien avec la lumière, c’est à peu près tout ce qu’un sculpteur demande en fin de compte.

 

: Plus spécifiquement, quel est l'apport de chacune d'elle ?

 

: Selon le matériau, la lumière va "travailler" différemment. L’aluminium, par exemple, s’apprécie avant tout pour ses reflets et son caractère contemporain. Le bronze sera, quant à lui, plus chaud, plus "nourrit" de par la patine, il sera le plus classique des trois. Enfin, la fonte rouillée sera un aspect un peu entre le classique et le contemporain. Cette matière sera la plus innovante des trois à mon goût, elle s’obtient de façon très naturelle et aura un aspect très convainquant.

 

: Envisages-tu de travailler sur d'autres personnages de l'univers de Troy ?

 

: J’aimerai bien, oui ! Mais uniquement des bestioles, pas les personnages principaux. Il y aurait vraiment de quoi faire avec toutes les créatures qu’ils ont inventé. Quand j’ai quitté Skull-t en 2003, j’avais aussi fait ce chien noir affreux le "Sherreck" et à l’époque, j’avais en tête d’enchaîner sur plein d’autre créatures que j’aurais traitées à la façon des sculpteurs animaliers de la grande époque comme Barry ou Fremiet, voir même Rembrandt Bugatti…Mais cela n’a pas pu se faire, car mes rapports avec le gérant étaient devenus impossibles. Néanmoins, je ne désespère pas que cela se fasse un de ces jours, à présent que je décide en direct avec les auteurs.

 

: Hébus est diffusé en partenariat avec Edition Originale. Comment est née cette association ?

 

: Le gérant d'éo a pris contact avec moi alors que j’étais dans les starting blocs pour le modelage d’Hébus. Il m’appelait pour me proposer qu’on travaille ensemble sur de futurs projets qui sont à ce jour encore dans les cartons. Je lui ai parlé de ce que j’avais en cours et il m’a proposé de me donner un coup de pousse en braquant son projecteur sur cette série en laquelle il croit.

 

: Y aura-t-il d'autres projets en commun ?

 

: J’ai bon espoir que cette association avec éo enchaine ensuite sur d’autres beaux projets. Nous ne sommes qu’au tout début, il faut qu’on prenne nos marques et le temps d’évoquer nos envies respectives.

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